À Commana, comme dans les communes avoisinantes, l’état de ruine ou de délabrement de couvertures traditionnelles, en ardoises épaisses, est flagrant. Des bâtiments en centre-bourg ou dans les villages, comme les maisons et bâtisses du village de Kerouat, déclarées remarquables, voient ainsi leurs toitures s’effondrer. Nombreux sont ceux qui s’inquiètent de cette tendance récurrente. Iffig Poho, Commaniste, ancien architecte témoigne : « Les années d’après-guerre 39-45 ont vu un nombre important de ces toitures disparaître au profit de couvertures en plaques ondulées. Cela permettait à l’agriculteur de protéger ses animaux ou sa production et au couvreur de se constituer un stock… D’autant que l’exemple était donné au plus haut niveau ! ».
Si dans les années 70, une quinzaine de carrières étaient encore en activité, en 1990 seules les ardoisières des frères Rolland à Kérohant (Commana) et celle des frères Pouliquen, à Saint-Cadou, perduraient. En 2006, la fermeture de la dernière exploitation du pays, dans la commune, a sonné le glas de la production de ce type d’ardoises. Actuellement, seules celles de récupération amassées par les couvreurs sont disponibles : mais à quel prix (à minima du simple au triple) et pour combien de temps ?
Hervé Coadou (Coadou couverture) s’inquiète : « Par ici, nous sommes encore trois ou quatre à savoir travailler le caillou, Hélard, Coat Frères, nous… La perte de cette science est pour bientôt ! » Le jeune couvreur a envisagé de rouvrir la carrière des montagnes, dont le permis d’exploitation est encore en vigueur. Commune, Département… Tous le soutiennent. L’entreprise s’avère pourtant hors norme, pour une petite structure artisanale. Son constat est amer : « Ma tante était carrier, ma mère couvreuse… Je sais que c’est possible ! Mais sans intervention politique, culturelle et juridique fortes, en faveur de la sauvegarde de ces carrières, ardoises mais aussi, ailleurs, lauzes, grès… Je serai l’un des derniers passeurs de ces patrimoines ».