Dans le secteur du bâtiment, dont le poids économique est important en Dordogne, les patrons voient les problèmes se multiplier et un avenir qui s’annonçait presque radieux à la sortie du confinement devenir très compliqué, en raison de l’explosion d’activité liée à la relance de l’économie, de la spéculation et de la guerre en Ukraine. État des lieux avec les responsables professionnels et des élus qui sont d’importants donneurs d’ordres.
« Grâce à une circulaire de l’ancien Premier ministre Jean Castex, les retards sur les marchés publics doivent tenir compte de la théorie de l’imprévision », expliquait David Pontou, le président départemental de la Fédération française du bâtiment (FFB),
« Grâce à une circulaire de l’ancien Premier ministre Jean Castex, les retards sur les marchés publics doivent tenir compte de la théorie de l’imprévision », expliquait David Pontou, le président départemental de la Fédération française du bâtiment (FFB), lors de l’assemblée générale de la structure, vendredi 2 septembre à Périgueux.
Les pénalités sont ainsi annulées pour des retards liés aux approvisionnements. David Pontou assure que le Conseil départemental joue bien le jeu, un peu moins la Région. « La période est compliquée à cause de la pénurie de matériaux, de l’inflation et des problèmes de main-d’œuvre. Là, on se bat sur les marchés signés en 2021, alors que des surcoûts de 25 à 50 % sont constatés. Il faut maintenant bien estimer les coûts et les délais pour les contrats que l’on signe aujourd’hui », souligne le président de la FFB.
De gros chantiers prévus et lancés depuis quelques années, comme celui de l’immeuble Aliénor derrière la gare de Périgueux, le futur siège de l’Agglo qui doit être achevé début 2023, n’ont pas pris de retard. D’autres, comme la maison de l’habitat du Département, très écolo, conçue avec beaucoup de bois, pourraient se faire attendre. Pour l’instant, le lancement des travaux est toujours prévu avant fin 2022, mais la durée du chantier sera sûrement plus longue que prévu.
Tous les prix des matériaux sont en hausse. « Le pire, c’est certainement le verre qui a pris plus de 100 % à cause du coût de l’énergie », explique Laurent Dupuy, de l’entreprise Périgord bois-Périgord verres à Champcevinel. Pour le bois, c’est plus 25 à 45 % : « Il y a moins de pénurie qu’il y a quelques mois, mais il y a encore des retards de livraison. » C’est très tendu pour la terre cuite, avec une pénurie de tuiles renforcée par les nombreuses réparations en Ribéracois à la suite de l’orage de grêle du mois de juin. Sans parler des stratégies inavouables de spéculateurs sur les matières premières.
La pénurie de métal a également participé au retard dans la fabrication de la nouvelle passerelle de la gare de Périgueux. « Il y a aussi eu la première entreprise qui a fait faillite », rappelle Thierry Nardou, le vice-président du Grand Périgueux chargé des travaux. Le Département a, dès le mois de mai, prévu des rallonges pour prendre en charge jusqu’à 95 % du surcoût des matériaux sur ses marchés.
Les marchés publics souffrent de non-réponses d’entreprises. C’est le cas à Périgueux, comme l’a déploré la maire Delphine Labails devant les patrons de la FFB réunis en assemblée : elle a pointé les appels d’offres infructueux pour la réfection de l’école André-Boissière. L’adjoint aux travaux Richard Bourgeois a rappelé qu’à cause des lots de maçonnerie et de charpente métallique, il a fallu repousser d’un an les travaux prévus en août 2022. : « On ne peut pas faire un tel chantier dans une école en fonctionnement. » La maire a également fait part de ses craintes pour la réfection du stade. : l’architecte sera choisi en octobre et les premiers travaux sont espérés début 2023.
Chez les professionnels du bâtiment de Dordogne qui ont déjà eu des rencontres avec des élus locaux, on est bien conscient de la nécessité de répondre aux appels d’offres, sous peine de voir encore plus d’entreprises extérieures au département venir rafler des marchés.
La hausse des prix des carburants, qui pour les engins de travaux publics aux consommations colossales peut être très importante, mais aussi celle de l’électricité doivent inciter les entreprises à faire des économies. C’est le conseil que donne la FFB à ses adhérents : « En étant plus sobres, par exemple en réduisant de 20 % nos consommations, on pourra absorber une partie des surcoûts », explique David Pontou. En faisant du bien à l’économie, on en fera aussi à l’environnement.
Mais la hausse vertigineuse du coût de l’énergie comme du pétrole pour fabriquer des produits du bâtiment est aussi difficile à absorber. Pour cuire des tuiles ou des briques, il faut du gaz ; pour fabriquer de l’acier, du béton ou du goudron, il faut beaucoup d’énergie.
Toutes les entreprises du bâtiment font également le constat d’un manque de main-d’œuvre, avec le rapport au travail qui a changé depuis les confinements. Il y a eu des changements de vie, le choix de la souplesse et le jeu de la concurrence entre entreprises. Pour conserver leurs équipes en cette période d’inflation, les patrons doivent forcément augmenter les salaires. Mais ils ont aussi du mal à motiver des apprentis pour les recruter et les garder. Nombreux sont les patrons qui soupirent : « Il faut aussi avoir envie de se lever le matin. »
Du côté des artisans affiliés à la Capeb, qui travaillent en majorité sur des chantiers pour les particuliers, « la situation est assez anxiogène, remarque leur président départemental Frédéric Liogier. La difficulté est aujourd’hui de faire des devis qui tiennent plus de huit à dix jours, à cause des prix des matériaux et de l’énergie qui bougent sans arrêt ». Les pénuries ne sont pas finies avec des maçons qui doivent attendre une partie de leurs commandes de briques un mois et demi, des électriciens et des plombiers à qui il manque du matériel électronique… Les clients ont bien du mal à comprendre.
La hausse du montant par rapport aux devis, même avec une clause de révision, est difficile à faire passer chez les particuliers, « alors qu’il y a une grosse demande en termes de travaux, mais auxquelles il est de plus en plus difficile de répondre, faute de visibilité pour assurer la survie de l’entreprise, assure Frédéric Liogier. Certaines sociétés auront des bilans très difficiles en fin d’année ».
2 Responses
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