Le formidable élan de solidarité qui s’est manifesté à l’égard des victimes de l’orage de grêle du 20 juin dernier a son revers. Un versant moins reluisant de la nature humaine, où des sinistrés deviennent la cible d’artisans peu scrupuleux.
Tel est le cas de Julie et de son conjoint Benoît, propriétaires depuis quatre mois d’une maison au Taillan-Médoc. Le 20 juin au soir, leur domicile est frappé par les intempéries. Le toit vacille et cède sous la mitraille des grêlons. Le couple et leurs quatre enfants sont obligés de quitter le logement transpercé pour aller se réfugier ailleurs…
Tel est le cas de Julie et de son conjoint Benoît, propriétaires depuis quatre mois d’une maison au Taillan-Médoc. Le 20 juin au soir, leur domicile est frappé par les intempéries. Le toit vacille et cède sous la mitraille des grêlons. Le couple et leurs quatre enfants sont obligés de quitter le logement transpercé pour aller se réfugier ailleurs. Le lendemain, Julie et Benoît reviennent avec des amis pour bâcher ce qu’ils peuvent. À l’intérieur, les plafonds se sont effondrés. L’eau a tout anéanti.
Sur les conseils d’un professionnel, un artisan couvreur offre ses services. Étonnamment, il a des tuiles en stock et propose une intervention rapide. Julie souhaite sécuriser au plus vite son bien. Ne flairant pas l’arnaque, elle « met le feu à sa banque et à son assureur ». Le 6 juillet, elle obtient le déblocage d’une somme de 15 000 euros. Acompte qu’elle verse en virement instantané à l’artisan. Les travaux prévoient la dépose complète de la couverture et son renouvellement. Entre-temps, l’expert d’assurances refuse le devis global, lequel s’élève à 62 000 euros. Trop coûteux.
Un nouveau chiffrage abaisse la facture à 45 000 euros. L’artisan, qui a lancé les travaux, réclame un deuxième acompte de 15 000 euros qu’il obtient quelques jours plus tard. Le couple pensait avoir la validation de l’expert… Que nenni ! Le montant de 45 000 euros est également retoqué. Julie est dépitée car le chantier est (bien) avancé. En outre, l’entreprise se montre pressante quant au paiement du solde.
Sur les réseaux sociaux, la propriétaire en panique tombe par chance sur les coordonnées de Virginie Wlodawer, experte en bâtiment auprès des assurés pour le compte de BV Expertises. « Je lui envoie les devis et, le lendemain, avant même de mettre les pieds chez moi, elle me fait part de ses doutes. Pressentant un problème d’assurance, elle avait vu juste », témoigne l’habitante. Le couvreur n’a pas de garantie décennale. Au téléphone, l’homme prétend vaguement qu’elle n’est pas obligatoire et prévient qu’il ne reviendra plus sur le chantier puisqu’il n’a pas été réglé en totalité.
Les soupçons de malfaçons durant les travaux se confirment. Non seulement l’artisan a eu la main lourde sur les devis (erreurs de métrés, tarifs au mètre carré déraisonnables), mais tout est à reprendre. Zinguerie et liteaux mal posés, tuiles non alignées, absence de dispositif d’aération, mégots écrasés sur l’écran pare-pluie qui déborde de la toiture… La liste est longue.
« Il y a eu pas mal d’arnaques au Taillan-Médoc et ailleurs. De soi-disant professionnels profitent de particuliers dans la détresse pour se montrer persuasifs et surfacturer leurs interventions », explique Virginie Wlodawer. Elle cite le cas d’une personne âgée qui a dû débourser 10 000 euros pour faire poser une bâche de sécurité, alors qu’il faut compter d’ordinaire entre 1 000 et 1 200 euros pour une surface de 100 m². Autre classique, « des gens qui se baladent avec des camions remplis de tuiles à la provenance incertaine et qui les vendent 20 euros pièce ». Sachant que le prix classique se situe entre 1 et 2 euros l’unité, selon le type de tuile.
Le couple va-t-il devoir s’asseoir sur les 30 000 euros déjà versés ? L’absence de garantie décennale et de responsabilité civile professionnelle complique singulièrement ses affaires, même s’il ne désespère pas de trouver une solution amiable. Malchanceux pour la toiture, Julie et Benoît se félicitent en revanche d’être tombés sur le prestataire Ocordo pour tous les travaux intérieurs (démolition, plâtrerie, électricité, etc.). « Ils se sont engagés à ce qu’on puisse passer Noël chez nous », souffle la mère de famille.
