Publié le 19/10/2022 à 06h30
Florent Buisson
La petite buvette et la salle de restauration attenante ne paient pas de mine. Un peu plus et l’on se croirait presque au club de foot du coin.
Pour arriver là, il a fallu traverser une salle d’accueil tout aussi modeste, où seuls deux bustes renseignent sur les lieux. Celui d’Étienne Dolet et de Jean Zay, illustres Orléanais.
La porte suivante donne directement sur une pièce au sol décoré d’un damier. Dans un coin, des épées rangées. Autre ambiance. Sur l’estrade, derrière un bureau, collé au mur, un grand triangle renfermant en son milieu un œil. À droite, un soleil, à gauche, une lune. Vous resituez ? Pas forcément ?
Pas étonnant. Ce bâtiment situé à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin est un temple franc-maçon, propriété du Grand Orient de France. La semaine dernière, pour la première fois, il a été ouvert aux journalistes.
“Un jour, il faudrait retirer un des éléments de la grande salle, pour voir si quelqu’un s’en aperçoit…”, plaisante à moitié M.H, patron des lieux et “vénérable maître de la loge Étienne-Dolet”, qui préfère ne pas mettre en avant son nom, à la demande de sa famille.
“On ne fait plus attention à ces symboles, enchaîne Gilles Kounowski, conseiller de l’ordre. Ils rappellent notre objectif ; la recherche de la vérité en utilisant la raison. La lumière, c’est la raison, scientifique ou intellectuelle, dans un environnement de fraternité, d’où les trois angles. En tout cas, c’est mon interprétation…” “Oui, je suis assez proche de ça aussi… Pour gagner du temps…”, achève M.H, pas passionné par ce nouveau rôle de guide.
L’accueil est bienveillant, les portes s’ouvrent sans mal mais l’on sent la maison pas habituée au grand déballage. Ici, de tout temps, on a cultivé la discrétion. “Oui, discrets, pas secrets”, abonde le “vénérable maître”, tordant une première fois le coup à un fantasme. “Il n’y a rien d’inavouable dans le travail de la franc-maçonnerie.”
Car entre deux “agapes”, ils planchent sur la fin de vie ou la laïcité. “On progresse pour utiliser cela dans le monde profane, ajoute M.H. Et c’est beaucoup plus difficile d’entrer dans la maçonnerie que d’en sortir, soit le contraire d’une secte. On ne mange pas des enfants…”
Les raisons de ce soudain désir d’ouverture sont multiples. Un double anniversaire, d’abord. “2023 marquera le 250e anniversaire de l’appellation Grand Orient de France”, souligne Gilles Kounowski, et le 120e anniversaire de la loge (locale) Étienne-Dolet. Anniversaires célébrés samedi 22 octobre, façon “franc mac’” ; on se réunit, on parle et on réfléchit. Une conférence, “Deux siècles de maçonnerie à Orléans, au service de la cité”, sera animée par le “Grand maître” (patron national) du Grand Orient, Georges Sérignac, avec Pierre Allorant, à 15 heures, à l’auditorium du musée des Beaux-Arts.
La franc-maçonnerie s’ouvre aussi pour mieux se faire connaître, alors qu’elle perd de son influence, malgré ses 250.000 représentants (pour la plupart cooptés) revendiqués en France, principalement issus de la classe moyenne supérieure.
“On a fait faire une enquête à l’Ifop, qui dit que 60 % des Français voient la maçonnerie avec animosité voire hostilité, n’y voyant pas de différence évidente avec une secte, souligne Gilles Kounowski.” Les “frangins” préfèrent ne pas communiquer l’adresse du temple visité, de peur qu’il soit tagué ou vandalisé. C’est dire.
Mais le même est aussi plein d’espoir. “Quand on parle de nos travaux, un million de personnes environ manifesteraient de l’intérêt.”
Florent Buisson
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2 commentaires
Chadweek Dorego a posté le 22 octobre 2022 à 01h34
Comment intégrer ?
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Joël Guindo a posté le 21 octobre 2022 à 00h56
Je veux adhère au francs mason
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