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Orages de grêle dans le Sud-Ouest : la galère des sinistrés face à la … – Sud Ouest

Orages de grêle dans le Sud-Ouest : la galère des sinistrés face à la … – Sud Ouest

C’est un fait bien connu : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille ». Cette célèbre citation de Jacques Chirac, les milliers de victimes des violents orages de grêle qui ont frappé le Sud-Ouest en début de semaine pourraient facilement la reprendre à leur compte. À leur désarroi face à l’ampleur des dégâts s’est ajouté, ces derniers jours, le casse-tête de la remise en état de leurs toitures, pilonnées par des boules de glace faisant parfois la taille d’une balle de tennis.
« J’ai 92 ans, c’était la première fois que…
« J’ai 92 ans, c’était la première fois que je voyais un orage comme ça, souffle Robert Bourrinet, installé à Blanquefort, en Gironde. C’était impressionnant, j’avais l’impression que la maison allait s’effondrer ». Passé la stupéfaction, le nonagénaire a vite compris qu’il n’était pas au bout de ses peines. Rapidement, un couvreur a installé une bâche sur sa toiture. Mais pour une réparation pérenne, alors qu’il déplore une cinquantaine de tuiles cassées, il va devoir attendre : « Il n’y avait plus de tuiles chez Leroy Merlin, raconte-t-il. La bâche, ce n’est pas une vraie sécurité. Je ne suis pas rassuré quand il pleut. J’ai hâte que les tuiles arrivent. »
Le cas de Robert Bourrinet est loin d’être isolé. De la Gironde aux Pyrénées-Atlantiques, en passant par la Dordogne, la Charente, les Landes et le Lot-et-Garonne, des milliers de particuliers font face au même problème. Dans les magasins Leroy Merlin et Point P, principaux fournisseurs de tuiles, les stocks sonnent creux. Sollicités, les responsables des deux enseignes n’ont pas donné suite à nos demandes d’interview. Mais lorsqu’on interroge les vendeurs de plusieurs magasins, dans les environs de Bordeaux et de Pau, le constat est implacable.
« On n’a plus de tuiles, déplore l’un d’eux. C’était déjà le cas avant les orages, et ce qui vient de se passer n’arrange rien ». « Cette pénurie, c’est partout pareil, appuie un autre vendeur. Il n’y a plus de stock nulle part. » Dans les magasins, l’affluence ne faiblit pas depuis mardi : « La demande est énorme, confirme un vendeur. C’est un flux continu de clients, plus d’une centaine par jour. » Pour ne rien arranger, la pénurie s’est, par ricochet, étendue aux bâches, maintenant quasiment introuvables…
Face à l’impossibilité d’entreprendre des travaux, les particuliers sont généralement philosophes : « Les gens sont désolés mais fatalistes », constate un vendeur. « Il y a aussi de l’agacement », complète un autre. Un sentiment compréhensible, alors qu’aucune perspective ne leur est offerte : « On ne sait pas quand on sera livrés, reprend le commerçant. On a des prévisions de livraison mais elles sont fausses. Et on ne fait pas de liste d’attente. C’est premier arrivé, premier servi… »
Comment expliquer une telle pénurie ? Comme pour bien d’autres matériaux utilisés sur les chantiers, le manque de tuiles ne date pas d’hier : « C’est un phénomène généralisé depuis plus d’un an, assure Laurent Debord, délégué général de la Fédération française du bâtiment en Gironde. Au départ, c’était lié à la crise du Covid-19, avec des confinements qui ont désorganisé la production. Sur les tuiles, cette pénurie au printemps était annoncée car à un moment, les producteurs ont arrêté les fours parce que l’énergie, notamment le gaz qui permet de chauffer les fours, avait atteint des prix trop importants. Donc ils perdaient de l’argent. Finalement, ils les ont remis en fonctionnement, mais ce n’est pas suffisant pour faire face à la demande. »
L’un des plus grands sites de production de tuiles en France se trouve en Charente, à Roumazières-Loubert. Pour Bruno Hocdé, directeur de Terreal, les difficultés actuelles sont liées au « fort dynamisme dans la construction en sortie de Covid. On fait face à une grosse demande et on n’arrive pas à fournir de façon instantanée ». Dans son usine, « pendant quelques semaines », l’une des lignes de production avait été arrêtée, « le temps qu’on renégocie les prix avec les clients et qu’on rachète du gaz à un prix raisonnable ». Si le site tourne aujourd’hui « à plein régime, sept jours sur sept et 24 heures sur 24 », les délais de livraison, auparavant « d’une à deux semaines », sont maintenant de « deux mois… »
Quand un retour à la normale est-il espéré ? « On imaginait qu’en fin 2022 ou début 2023, on allait avoir une réduction d’activité, répond Bruno Hocdé. Mais avec les orages de grêle qu’on vient d’avoir, on pense que les tensions pourraient se prolonger en 2023. » Sûrement pas de quoi redonner le sourire à ceux qui vivent avec une bâche au-dessus de la tête.

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